Omari, l’immaculée déception

Warmed Omari défenseur Stade Rennais

Après une première saison chez les pros réussie et une seconde marquée par les blessures, Warmed Omari devait confirmer toutes les attentes placées en lui sur l’exercice 2023-2024. À l’image de la défense rennaise, et de l’équipe de manière générale, il déçoit depuis août. En témoigne son match complètement raté face à Lorient, le 22 octobre dernier, et son expulsion face à Nice il y a deux semaines. Analyse de ce début de saison délicat. 

Nous sommes à la toute fin du mois d’août 2023, quelques jours avant le déplacement à BrestWarmed Omari est en conférence de presse d’avant-match. « Il faut que je montre que j’ai gagné en maturité », déclare le défenseur central rennais. « Il faut que je sois plus fort, plus grand et plus important pour mon équipe. Je me sens prêt à affronter les défis qui me seront proposés cette année et il faut que je confirme ce que j’ai fait de bien jusque-là. »

Conférence de presse du 31 août 2023

Cette confirmation tarde à arriver. Le symbole de ce début de saison décevant : les 45 minutes complètement à côté de la plaque proposées par le jeune défenseur au Moustoir, fin octobre. Facile de lui tomber dessus après ce match, pas vrai ? Ou après celui de Nice, où Omari a été exclu ? Oui et non. Ces deux matchs soulignent surtout un mal bien plus profond.

Des statistiques intéressantes…

Pourtant, quand on s’intéresse aux chiffres, Warmed Omari n’est pas complètement à la ramasse. Sur les dix matchs de championnat auxquels il a participé, le natif de Mayotte tourne à quasiment deux interceptions par match (1,8), ce qui fait de lui le onzième meilleur défenseur central de Ligue 1 dans cette catégorie. Au niveau des tacles, les stats sont moins bonnes (1,4 tacle par match, il est plus loin dans la hiérarchie des centraux), mais c’est logique : il a tendance à jouer debout et peu se jeter.

Au niveau des passes, Omari fait du Omari. Le défenseur est toujours autant impliqué dans le jeu rennais. Il est le quatrième joueur de l’effectif à effectuer le plus de passes par match (59 en moyenne), derrière Theate, Matic et Wooh. Connu pour sa capacité à casser les lignes par des relances osées, il semble aussi toujours aussi efficace, avec presque 90 % de ses passes qui arrivent dans les pieds de ses coéquipiers.

En début d’exercice, Warmed Omari déclarait dans les colonnes de Ouest-France vouloir progresser dans les duels aériens. « Même si ce n’est pas parfait, je trouve que j’ai gagné en agressivité », ajoutait-il. Dans les chiffres, cela se confirme. Sur les 3,2 duels aériens qu’il dispute par match, il en gagne 2,2. Ce qui le place dans le top 20 des meilleurs défenseurs de Ligue 1. Du haut de son mètre 88, le défenseur est solide.

… Mais des statistiques en trompe-l’œil

Vous le savez bien, on fait dire ce que l’on veut aux chiffres. La réalité du terrain et du jeu est bien différente. La charnière centrale rennaise est loin d’avoir rassuré. Les Rouge et Noir pointent à la quatorzième place du championnat dans cet exercice, avec seulement deux clean sheets. On remerciera Steve Mandanda sans qui ces statistiques seraient sans doute beaucoup moins généreuses.

Nous en parlions juste au-dessus, les duels aériens offrent, eux aussi, une double lecture. Les chiffres sont là, or pourtant, Rennes est toujours aussi friable sur coups de pied arrêtés défensifs, et très peu dangereux en attaque. La responsabilité n’est évidemment pas uniquement sur les épaules d’Omari, mais tout de même. Le défenseur devrait pouvoir rassurer son équipe dans ce secteur du jeu.

Puis la statistique la plus souvent significative, c’est la note. 4,48. C’est la moyenne affichée depuis le début de saison par Warmed Omari dans le cadre des votes sur Radio Roazhon. Le défenseur est très souvent en dessous de la moyenne et est le « pire » joueur rennais depuis fin août sur ce classement. Bien loin de ses partenaires, Arthur Theate et Chrisopher Wooh (pourtant loin d’être exceptionnels), ainsi que Jeanuël Belocian.

Une attitude qui questionne

Warmed Omari est un joueur qui semble toujours être dans le contrôle et ne jamais avoir besoin de forcer. Il a toujours joué de cette façon, même si, parfois, cela s’apparente à de la nonchalance ou du désintéressement. Quand il était régulier, comme il y a deux ans, cela ne posait pas de souci. En revanche, cette année, c’est plus difficile à accepter. Surtout compte tenu de ses déclarations avant le match de Brest. A-t-il affronté les défis qui lui ont été proposés ? Non. A-t-il confirmé ce qu’il avait fait de bien les saisons précédentes ? Non plus.

Pire, le défenseur central n’a pas ou peu progressé sur les derniers mois. Évidemment, tout n’est pas à jeter. Omari a réalisé de beaux matchs cette saison, contre Montpellier (0-0), ou encore lors de la défaite contre Paris (1-3). Après sa déroute à Lorient, Bruno Génésio a maintenu sa confiance envers le défenseur en le gardant dans le 11 contre le Panathinaïkós et Strasbourg, puis par la suite en l’associant avec Belocian régulièrement. Omari y a réalisé des performances que l’on jugera correctes, avant de sombrer de nouveau contre Nice.

Il est tout de même difficile de faire ressortir du positif du début de saison du défenseur. Le Rennais, qui a grandi à Villejean, a longtemps bénéficié de ce « totem » du jeune formé au club à qui l’on laisse du temps. Du temps, Omari en a de moins en moins et il se doit de faire mieux. Il nous a habitué à tellement mieux justement. Il a été prolongé d’un an à la mi-septembre jusqu’en 2027 (comme Arthur Theate) et le club compte sur lui. À lui d’hausser son niveau de jeu, comme toute l’équipe rennaise, vraiment moribonde actuellement.

Jocelyn GOURIOU

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